Le système des 3 couches : Arrêtez d’avoir froid (ou trop chaud)

Avoir froid en montagne n'est pas une fatalité, c'est souvent une erreur de gestion. Oubliez la grosse parka : le secret réside dans l'art de superposer (et d'enlever) les bonnes couches au bon moment. Voici comment je gère mon thermostat interne.

Rédigé par: Thomas D.

Publié le: 11/12/2025

On pense souvent que pour avoir chaud en montagne, il faut s’habiller lourd. Grosse erreur. J’ai vu des randonneurs grelotter sous des parkas énormes parce qu’ils étaient trempés de sueur à l’intérieur. La montagne, c’est de la gestion thermique active. Vous montez (vous surchauffez), vous vous arrêtez au sommet (vous gelez). Le système des 3 couches c’est une vraie stratégie dynamique. Voici comment je gère mon thermostat interne pour rester dans la zone de confort, de -10°C à +20°C.

La règle d’or : L’ennemi, ce n’est pas le froid, c’est l’humidité.

Avant de parler vêtements, comprenez ceci : si votre peau est mouillée (transpiration), vous aurez froid dès que vous arrêterez de bouger. L’eau conduit la chaleur 25 fois plus vite que l’air. Tout le système des 3 couches ne sert qu’à un seul but : évacuer cette humidité vers l’extérieur.

Couche 1 : La Seconde Peau (Transfert)

Son rôle : Garder la peau sèche.

C’est la couche la plus importante et la plus négligée. Oubliez le t-shirt en coton (qui devient une éponge froide mettant des heures à sécher). Vous avez deux choix techniques :

  1. Le Synthétique : Sèche très vite, très résistant. Idéal pour les efforts intenses (Trail, marche rapide).
  2. La Laine Mérinos : Mon favori. Elle régule la température (chaud quand il fait froid, frais quand il fait chaud) et surtout, elle ne retient pas les odeurs. On peut partir 3 jours avec le même t-shirt sans faire fuir les marmottes.

Si vous cherchez à vous équiper, regardez du côté d’une bonne couche de base thermique. C’est souvent l’investissement qui change le plus la vie d’un randonneur par rapport à un t-shirt basique.

Couche 2 : La Chaleur (Isolation)

Son rôle : Emprisonner l’air chaud.

C’est la couche qui garantit un apport de chaleur. Mais attention, trop de chaleur tue l’effort. Il faut adapter cette couche à la saison. C’est ici que beaucoup hésitent entre la polaire classique et la doudoune légère.

Le Match : Polaire vs Doudoune

Voici un tableau pour vous aider à choisir votre couche intermédiaire selon votre sortie :

Critère La Polaire La Doudoune
Respirabilité ⭐⭐⭐ Excellente (évacue la sueur). ⭐ Moyenne (effet cocotte).
Chaleur / Poids ⭐ Moyen (plus lourd/volumineux). ⭐⭐⭐ Imbattable (ultra compact).
Usage idéal En action (pendant la montée). À l’arrêt pour une pause au sommet ou bivouac.
Si c’est mouillé ? Reste chaude et sèche vite. Perd ses capacités (si plumes).

Mon avis de guide : En montée, je porte une micro-polaire très fine. Cela suffit largement hormis par grand froid. Je ne sors la doudoune que dès que je m’arrête pour la pause casse-croûte.

Couche 3 : La Protection (Bouclier)

Son rôle : Couper le vent et l’eau.

C’est votre rempart contre les intempéries. Elle ne doit pas forcément tenir chaud (c’est le boulot de la couche 2), elle doit vous isoler des éléments.

  • S’il pleut : Veste Hardshell imperméable (voir mon article sur la pluie).
  • S’il fait beau mais venteux : Une veste Softshell est souvent plus agréable car plus souple et plus respirante qu’une imperméable rigide.

Mon Conseil contre-intuitif

C’est l’erreur n°1 que je vois au départ du parking. Tout le monde sort de la voiture chauffée, il fait 5°C dehors, on met les 3 couches direct. On fait 200 mètres, le corps chauffe, on transpire… et c’est fini, on est mouillé pour la journée.

« Soyez frileux au parking. » Au départ de la rando, vous devez avoir légèrement froid. C’est normal. Votre corps va produire une chaleur énorme dès les premières pentes. Si vous êtes bien au départ, vous serez en surchauffe dans 15 minutes. Forcez-vous à partir avec une couche en moins (souvent sans la couche 2), quitte à la remettre plus haut si le rythme ralentit.

L’importance des accessoires

Le système des couches s’applique aussi aux extrémités.

  • Le Tour de Cou : C’est mon thermostat manuel. Trop chaud ? Je l’enlève. Froid ? Je le remonte sur le nez. C’est plus rapide que d’enlever une veste.
  • Les Zips de ventilation : Sur votre veste (couche 3), vérifiez qu’il y a des ouvertures sous les bras. C’est vital pour ventiler en montée sans s’exposer à la pluie.

En résumé

Le système des 3 couches n’est pas une armure qu’on enfile le matin et qu’on garde jusqu’au soir. C’est un jeu constant d’habillage et de déshabillage pour éviter la surchauffe. Investissez d’abord dans une bonne première couche (c’est la base de tout), puis adaptez le reste.

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