Le Vercors est une forteresse de calcaire, et le Grand Veymont en est le donjon. Culminant à 2 341 mètres, c’est le point le plus haut du massif. Mais ne vous y trompez pas : on ne monte pas là-haut pour l’exploit sportif, on y monte pour changer de planète.
Dès qu’on bascule sur l’autre versant, on quitte la civilisation pour entrer dans la Réserve Naturelle des Hauts-Plateaux, la plus grande de France métropolitaine. Ici, pas de routes, pas de maisons, juste l’immensité et le silence. Et, bien sûr, les maîtres des lieux : les bouquetins, qui vous regarderont passer avec une indifférence royale.
La Fiche Technique
- Départ : Gresse-en-Vercors (Parking de la Maison du Tourisme ou des remontées).
- Altitude max : 2 341 m.
- Dénivelé positif (D+) : Environ 1 150 m.
- Durée : 5h30 à 6h30 (Boucle).
- Difficulté : Physique (C’est long !) mais peu technique (pas de vide effrayant).
- Carte IGN : 3236 OT – Villard-de-Lans / Mont Aiguille.
L’itinéraire : La boucle classique par le Pas de la Ville
Il est possible de faire l’aller-retour, mais je vous conseille vivement la boucle. C’est plus varié et cela ménage les genoux à la descente.
La montée (Versant Est) : On attaque depuis Gresse-en-Vercors direction le Pas de la Ville. Ça grimpe sec dans les alpages, droit dans la pente sous les falaises. Arrivé au col (le « Pas »), le vent vous accueille souvent violemment. C’est la porte d’entrée vers les Hauts-Plateaux.
La crête sommitale : Du Pas de la Ville au sommet, il reste 40 minutes d’effort sur une large crête. C’est ici que la magie opère : à votre gauche, le Mont Aiguille ; à votre droite, le désert du Vercors à perte de vue.
La descente (Versant Sud) : Continuez vers le Pas des Chattons. La descente est plus douce, moins « casse-pattes » que le sentier de montée, et offre une vue imprenable sur le Mont Aiguille sous un autre angle.
Le Mont Aiguille : Le phare du Vercors
Arriver au sommet du Grand Veymont, c’est prendre une claque visuelle. Vous êtes aux premières loges pour admirer le Mont Aiguille. Ce monolithe détaché de la falaise ressemble à un navire de pierre échoué. C’est l’une des 7 merveilles du Dauphiné. C’est d’ailleurs le moment de sortir l’appareil photo : le contraste entre la verticalité du Mont Aiguille et les plateaux horizontaux est unique en Europe.

Les Bouquetins : Rencontre (presque) garantie
Le Grand Veymont est connu pour être le royaume des bouquetins. Ils sont souvent très nombreux sur la crête entre le Pas de la Ville et le sommet. Contrairement aux chamois craintifs, les bouquetins du Vercors sont placides. Ils peuvent brouter à 5 mètres de vous sans bouger une oreille.
Les règles d’or :
- On ne touche pas : Même s’ils semblent domestiques, ce sont des animaux sauvages (et leurs cornes font mal).
- On ne nourrit pas : Votre sandwich au jambon ou vos chips sont du poison pour eux.
- On reste calme : Pas de gestes brusques. Asseyez-vous dans l’herbe et observez. C’est souvent eux qui s’approcheront par curiosité.

Quand monter ? Le calendrier du guide
Le Grand Veymont change de visage selon la saison. Voici mon tableau pour choisir votre moment :
| Saison | Avantages | Inconvénients | Verdict |
|---|---|---|---|
| Juin | Fleurs (Orchidées, Gentianes). | Orages fréquents. | 🌸 Photogénique |
| Juillet / Août | Accessible, journées longues. | Foule au sommet. | ☀️ Classique |
| Sept. / Oct. | Lumière rasante, calme. | Froid vif (vent). | 🍂 Mon favori |
| Hiver | Ambiance polaire. | Danger Avalanches (Plaques). | ❄️ Experts Uniquement |
Le piège du Vercors : L’Eau !
C’est le conseil le plus vital de cet article. Le Vercors est un massif karstique (calcaire). Cela signifie que l’eau s’infiltre immédiatement dans le sol. Il n’y a aucune source sur le parcours, aucun ruisseau, et pas de refuge gardé au sommet pour acheter un Coca. En été, la réverbération du soleil sur la pierre blanche transforme la montée en fournaise.
- Mon conseil : Partez avec 2,5L à 3L d’eau par personne. J’ai vu trop de randonneurs mendier de l’eau à mi-parcours, totalement déshydratés.
Le mot de la fin
Le Grand Veymont est un sommet qui rend humble. Ce n’est pas techniquement aussi exigeant que la Tournette, mais l’ambiance y est plus sauvage, plus austère. C’est la porte d’entrée vers la solitude absolue. Si vous y croisez les bouquetins, profitez de cet instant, c’est un privilège rare ailleurs dans les Alpes.
Bonne grimpe !