C’est la question qu’on me pose le plus souvent lors des stages d’initiation. Et c’est aussi celle qui véhicule le plus d’idées reçues. « Il faut des tiges hautes pour ne pas se tordre la cheville. » Cette phrase, on l’a tous entendue. Elle est partiellement fausse.
Aujourd’hui, on voit des ultra-traileurs courir 170km dans les cailloux avec des chaussures basses, tandis que d’autres se tordent la cheville avec de grosses chaussures de montagne. Alors, qui a raison ? La réponse n’est pas dans la chaussure, elle est dans votre pratique. Voici comment choisir sans marketing, juste avec du bon sens terrain.
La Tige Haute : Le 4×4 de la protection
Ne jetons pas la chaussure de rando classique trop vite. Elle a une utilité précise, mais elle n’est pas ce que vous croyez. Elle ne sert pas uniquement à tenir la cheville (si votre cheville part vraiment, la chaussure suivra ou le genou prendra). Elle sert à protéger et soulager.
- Quand est-elle indispensable ?
- Portage lourd : Si vous avez un sac de 15kg (type Traversée des Bauges en autonomie), vos muscles stabilisateurs vont fatiguer. La tige haute prend le relais quand vous n’avez plus de jus.
- Terrains instables (Eboulis/Neige) : Pour protéger les malléoles des chocs contre les pierres ou éviter que la neige/boue ne rentre.
- Débutants : Si vous n’avez pas encore une cheville musclée, c’est une sécurité passive nécessaire.

La Tige Basse : La liberté et la précision
C’est la révolution de ces 10 dernières années. Venues du Trail Running, ces chaussures ont envahi les GR. Leur argument ? 1kg aux pieds = 5kg sur le dos. En allégeant le pied, on réduit la fatigue cardiaque et musculaire. On est plus précis, on sent le sol.
- Le secret biomécanique : Une tige basse laisse la cheville libre. Cela oblige votre corps à travailler sa proprioception (l’équilibre naturel). À long terme, marcher en tige basse muscle votre cheville, alors qu’une tige haute agit comme un plâtre qui l’endort.
- Quand la choisir ?
- Randonnée à la journée ou Fast-Hiking.
- Sac léger (moins de 8-9kg).
- Sentiers roulants ou peu accidentés (Type Lac Blanc).
Le Verdict : Mon outil d’aide à la décision
Arrêtons d’opposer les deux. Ce sont deux outils différents. Vous n’iriez pas jouer au tennis en bottes de pluie ? C’est pareil ici.
Voici le tableau que j’utilise pour conseiller mes clients :
| Critère | Tige Haute (Le 4×4) | Tige Basse (La dynamique) |
|---|---|---|
| Poids du sac | Idéal si > 10 kg (Trekking) | Idéal si < 8 kg (Léger) |
| Terrain | Instable, Pierriers, Neige | Sentiers battus, Roulant |
| Fatigue | Soutient quand le muscle lâche. | Moins d’effort à lever (léger). |
| Séchage | Lent (si mouillé dedans). | Rapide (si mesh aéré). |
| Verdict | Sécurité & Portage | Liberté & Vitesse |
Mon avertissement : la transition
C’est l’erreur classique. On est habitué aux grosses chaussures, on lit cet article, on achète des baskets de trail et on part faire le Grand Veymont. Résultat : Entorse.
Si vos chevilles sont habituées au soutien depuis 10 ans, elles sont relativement faibles. Mon conseil : Passez à la tige basse progressivement. Commencez par des sorties courtes et faciles. Musclez votre pied. Ne partez pas sur un trek de 3 jours en chaussures basses sans préparation. Si vous randonnez régulièrement, vous pouvez aussi alterner dans un premier temps entre tige haute et tige basse.

Et l’imperméabilité dans tout ça ?
Haute ou basse, la question de la membrane (Gore-Tex ou équivalent) reste la même.
- En tige basse : L’eau rentre par le haut (la cheville) dès qu’il pleut fort ou que l’herbe est haute et mouillée. La membrane est donc moins utile que sur une tige haute.
- Mon astuce : En tige basse, je privilégie souvent des chaussures non-imperméables (mesh aéré). Pourquoi ? Parce que si elles sont mouillées, elles sèchent en 30 minutes de marche. Une chaussure imperméable qui prend l’eau par le haut mettra 2 jours à sécher (l’effet piscine).
Le mot de la fin
Le débat est clos : il n’y a pas de vainqueur !
- Je prends mes tiges basses pour 80% de mes sorties à la journée (plaisir, légèreté).
- Je sors mes tiges hautes dès que je charge le sac pour un bivouac, que je pars en terrain casse-pattes, ou que l’hiver approche.
La bonne chaussure, c’est celle qui est adaptée à votre sortie du jour.