Traversée des Bauges en 3 jours (Mon retour d’expérience)

Relier Annecy à Chambéry par les crêtes : 87km, 4800m de dénivelé et 3 jours d'effort intense. Une aventure sauvage.

Rédigé par: Thomas D.

Publié le: 12/12/2025

On vend souvent les Bauges comme un massif pour des randonnées familiales. C’est vrai si on reste en bas. Mais si on décide de le traverser de part en part, d’Annecy à Chambéry, par les crêtes, l’histoire change radicalement.

L’été dernier, j’ai laissé la voiture au garage pour tenter cette grande traversée. L’objectif ? Relier les deux gares (Annecy et Chambéry) en passant par les sommets emblématiques : Semnoz, Colombier, Nivolet. 87 kilomètres, 4 800 mètres de dénivelé positif, 3 jours. Un bon défi dans l’un des massifs les plus sauvages des Préalpes.

La Fiche Technique

  • Départ : Gare d’Annecy (74).
  • Arrivée : Gare de Chambéry (73).
  • Distance totale : ~87 km.
  • Dénivelé : +4 800m / -4 800m.
  • Rythme : Soutenu (environ 29km / jour).
  • Difficulté : Difficile (Possible de le faire en 4,5 ou 6 jours pour des étapes plus courtes).
  • Style : Autonomie (Bivouac) ou Gîtes d’étape (pour voyager plus léger).

Jour 1 : Le mur du Semnoz (Annecy → Bellecombe-en-Bauges)

  • 28 km | +1 700m D+

Le départ est assez brutal. À peine sorti du train à Annecy, on tourne le dos au lac pour attaquer le Semnoz direct. On passe de 450m à 1700m d’une traite. C’est long, c’est raide, mais arriver au Crêt de Châtillon offre une vue à 360° qui remet les idées en place : le Mont-Blanc en face, les Bauges qui nous attendent derrière.

La bascule vers le Col de Leschaux marque la frontière : on quitte la périphérie pour entrer dans le vrai cœur du massif. La fin d’étape vers Bellecombe est traître avec des vallonnements qui cassent les jambes en fin de journée.

Jour 2 : Le juge de paix (Bellecombe-en-Bauges → Aillon-le-Jeune)

  • 30 km | +1 600m D+

C’est l’étape reine. L’objectif du jour : le Mont Colombier (2 045m). L’ascension est technique. Le sentier se redresse, la terre laisse place au calcaire coupant. C’est typiquement le genre de terrain où le matériel souffre. J’ai dû poser les mains plusieurs fois et me frotter à la roche abrasive. C’est là que je valide mes choix de matériel : mon pantalon Rockfit de chez Cimalp n’a pas bougé malgré l’abrasion du lapiaz, là où un équipement classique aurait fini déchiré.

L’Anecdote soif : Arrivé sous le Colombier, ma gourde était vide. La chaleur sur le calcaire blanc est terrible. J’avais repéré une source sur la carte… à sec. J’ai dû rationner mes dernières gorgées jusqu’à la descente sur Aillon. Leçon apprise : Sur cet itinéraire, rechargez à chaque point d’eau (cimetières, fontaines de village) même si vous n’avez pas soif.

Jour 3 : La Croix et la chute (Aillon → Chambéry)

  • 29 km | +1 500m D+

Le réveil pique un peu. On repart pour traverser le plateau du Margériaz puis celui de la Féclaz. C’est plus roulant, on peut allonger la foulée. Le clou du spectacle arrive à la Croix du Nivolet. Une croix immense qui domine Chambéry. On a l’impression de voler au-dessus de la ville.

Mais ne criez pas victoire trop vite. La descente finale vers Chambéry est une épreuve mentale. On perd plus de 1000m de dénivelé d’un coup, souvent sur du bitume ou des sentiers raides sur la fin. C’est le test ultime pour vos genoux (et vos chaussures, voir mon article sur le choix Tiges Hautes vs Basses). Arriver à la gare de Chambéry, sale, fatigué, au milieu des pendulaires en costume, est une sensation jouissive de décalage total.

Bilan Matériel : Fast & Light mais prudent

Pour tenir 30km par jour avec du dénivelé, chaque gramme compte. Mais attention à ne pas sacrifier la sécurité.

Équipement Mon verdict
Chaussures tige haute La sécurité avant tout. Sur le lapiaz instable et avec la fatigue des 87km, le maintien de la cheville est crucial pour éviter l’entorse.
T-shirt Mérinos (Couche 1) Non négociable. 3 jours sans odeurs et régule la température. Le synthétique devient trop vite odorant.
Polaire légère micro-grid Le joker. Parfaite pour les départs à la fraîche le matin ou les passages à l’ombre où le t-shirt ne suffit pas.
Pantalon Softshell 4 saisons Il faut du robuste. Le calcaire des Bauges est abrasif.
Doudoune compacte Uniquement pour le soir au bivouac. Trop chaud pour marcher avec.
Veste Hardshell (Pluie) Sécurité obligatoire (orages). Sert aussi de coupe-vent au sommet du Semnoz.
Chaussettes techniques double peau Le nerf de la guerre pour éviter les ampoules. Prenez 2 paires pour alterner et garder les pieds secs.
Filtre à eau (Type BeFree) Très pratique. Pour boire sur des points d’eau non potable si vos réserves sont vides.
Bâtons en carbone Indispensables pour tenir le rythme sur 4800m de D+.
La Tome des Bauges Le meilleur carburant local pour le moral (bien plus efficace qu’un gel !).

Le mot de la fin

Cette traversée intégrale Annecy-Chambéry est pour moi la plus belle façon de découvrir les Bauges. C’est une ligne pure, esthétique, et éco-responsable (zéro voiture). C’est dur, oui. Il faut être prêt physiquement. Mais traverser tout un massif à la force de ses jambes en 3 jours laisse des souvenirs bien plus marquants qu’une simple balade dominicale.

À qui le tour ?

Laisser un commentaire

Précédent

Le Grand Veymont : Le toit du Vercors et ses bouquetins

Suivant

Chaussures tiges hautes ou basses ? Le débat est clos.