Randonner sous la pluie : Comment ne pas finir trempé en 5 minutes

Fini d'être trempé en quelques instants. Membranes, respirabilité, entretien : tout ce qu'il faut savoir pour transformer une randonnée pluvieuse en expérience unique.

Rédigé par: Thomas D.

Publié le: 10/12/2025

« Il n’y a pas de mauvais temps, juste du mauvais matériel. » On connaît tous le dicton, mais on l’a tous maudit un jour où l’eau glacée ruisselait le long de notre colonne vertébrale. Pourtant, marcher sous l’averse a une saveur unique : les odeurs, le silence, les couleurs saturées… À condition de rester au sec. Voici comment je gère mes sorties humides sans finir en hypothermie.

Pourquoi j’aime marcher sous la pluie

Cela peut sembler masochiste, mais mes plus belles photos et mes plus belles rencontres avec la faune (chamois, salamandres) se sont faites sous la grisaille. La montagne se vide. Vous êtes seul au monde. Mais pour apprécier ce moment, il faut oublier l’inconfort. Et ça, ça ne s’improvise pas avec un K-way publicitaire ou un poncho premier prix qui transforme votre rando en sauna portatif.

Le secret technique : Comprendre l’imperméabilité (Schmerber)

Quand on choisit une veste, on regarde souvent la couleur ou la marque. Erreur. Il faut regarder l’étiquette et chercher un chiffre bizarre : le Schmerber. C’est l’unité de mesure de l’imperméabilité. Pour faire simple : c’est la pression d’eau que le tissu peut supporter avant de fuir.

Situation Météo Schmerber Recommandé L’avis de Thomas
Crachin / Ville 2 000 à 5 000 Une veste déperlante suffit. Pas adapté à la montagne.
Averse d’été 10 000 Le minimum syndical. Ça passe pour 1h, mais après l’eau commence à traverser.
Orage / Rando journée 20 000 Le standard indispensable pour les pratiquants exigeants.
Tempête / Alpinisme +25 000 Conditions extrêmes où l’erreur n’est pas permise.

L’erreur fatale : Oublier la respirabilité

C’est là que 90% des randonneurs se trompent. Être imperméable, c’est facile (un sac poubelle l’est parfaitement). Le problème, c’est que vous transpirez. Si cette humidité ne sort pas, vous serez trempé… de l’intérieur. C’est l’effet « cocotte-minute ».

C’est ici que la technologie des membranes entre en jeu. Pendant des années, le marketing nous a vendu le Gore-Tex comme l’unique solution. C’est une excellente référence, c’est vrai. Mais aujourd’hui, d’autres acteurs ont développé des membranes tout aussi performantes et souvent plus souples. Je pense notamment à la technologie Ultrashell de Cimalp ou aux membranes NeoShell. Elles offrent souvent un rapport respirabilité/prix bien plus intéressant pour le randonneur qui ne veut pas mettre 600€ dans une veste.

Le Poncho de pluie : Fausse bonne idée ?

On me demande souvent : « Thomas, pourquoi tu ne prends pas juste un grand poncho à 15€ qui couvre tout, même le sac ? »

Sur le papier, c’est imbattable. Sur le terrain, c’est inadapté voire dangereux, et je pèse mes mots :

  1. L’effet Parachute : En vallée, pas de souci. Mais dès que vous passez un col ou une crête, le vent s’engouffre. Avec un poncho, vous offrez une prise au vent énorme. J’ai vu des randonneurs perdre l’équilibre à cause d’une rafale latérale simplement parce que leur cape de pluie faisait voile.
  2. L’effet Sauna : Le poncho est 100% imperméable, mais il a zéro respirabilité. Résultat ? Vous êtes protégé de la pluie, mais vous finissez trempé par votre propre transpiration. En hiver ou par temps froid, cette humidité intérieure vous refroidira dès l’arrêt de l’effort.

Mon conseil : Gardez le poncho pour les courtes balades en forêt. Pour la montagne, la veste hardshell reste la seule option sécuritaire.

Mon setup complet pour une journée pluvieuse

Une bonne veste Hardshell (3 couches) ne suffit pas. L’eau finit toujours par trouver un chemin. Voici ma configuration pour rester étanche :

  1. Le Sur-Pantalon : Indispensable. Si vos jambes sont mouillées, l’eau coule dans vos chaussures. Vos chaussettes s’imbibent par capillarité. Résultat ? Des ampoules en 1h. Un sur-pantalon léger à zips latéraux s’enfile en 30 secondes sans enlever les chaussures.
  2. La Casquette sous la Capuche : Mon truc de photographe. La visière de la casquette empêche la pluie de fouetter votre visage et de couler dans le cou si la capuche est mal ajustée.
  3. Les gants de rechange : Une paire de gants mouillés, c’est l’enfer. J’ai toujours une paire sèche dans un sac étanche (Ziploc) au fond du sac.

Même avec la meilleure housse de pluie (rain cover), l’eau finit souvent par s’infiltrer par le dos du sac à dos. Mon secret ? J’utilise un sac poubelle 50L « Gravats » (très épais) comme doublure à l’intérieur de mon sac. Je glisse toutes mes affaires dedans (sac de couchage, doudoune) avant de fermer le sac. C’est 100% étanche, ça pèse 20 grammes et ça sauve la nuit en bivouac si le déluge traverse tout.

Attention à l’entretien !

Une membrane, ça s’entretient. Si votre veste « boit » l’eau au lieu de la laisser perler, ce n’est pas qu’elle est foutue, c’est que le traitement déperlant (DWR) est mort. Ne la jetez pas ! Un lavage avec une lessive technique (type Nikwax) et un passage au sèche-linge (chaleur douce) réactivent souvent la déperlance.

Le mot de la fin

N’annulez plus vos sorties à cause de la météo (sauf orage électrique, bien sûr). Équipez-vous correctement, et allez voir la montagne quand les autres restent devant Netflix. C’est souvent là qu’elle est la plus belle !

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